Portrait Myako
DJ et productrice
Tu vas comment ?
« J’ai la chance d’être au bord de la mer et près des montagnes, dans les sublimes paysages du Pays Basque où j’ai migré cette année. Je prends le temps d’observer mes plantes pousser et je leur fais écouter l’album « De la musique et des secrets pour enchanter vos plantes » de Roger Roger. Cette période génère des moments de tristesse et d’indignation mais je reprend le dessus en me faisant des moments club dans mon salon, je branche ma Smokemachine, j’envoie de la fumée à balle et j’écoute « On da Floor » de Dj Deeon hyper fort. Je prends le temps d’écouter et de composer de la musique, de lire, réfléchir et travailler sur de nouveaux projets d’album, aussi sur un livre sonore interactif avec Stephanie Boubli de Supernova édition.
Tu viens d’où ?
« Ma famille a beaucoup déménagé quand j’étais petite. Je suis née à Nîmes, j’ai habité dans différentes villes du Sud de la France, puis quelques temps au Burkina Faso à Ouagadougou. Mon père était franco/burkinabé et ma mère est française, de la région nantaise côté océan, où j’ai passé la plus grande partie de mon enfance.
Ensuite mon adolescence à Nantes où j’y ai commencé mes activités sonores avant de partir vivre à Berlin puis à Paris. »
Quelles sont tes influences ?
« La Bass Culture, la UK Bass, Le Dub, l’Experimental Dance Music. Mes parents ont fait sonner les disques de Jazz, Free Jazz sur nos berceaux avec Coltrane, Cecil, Miles Davis, Nina Simone…
Ado, j’écoutais du Rap, du Hip Hop mais surtout beaucoup de Dub et du Dancehall, j’ai découvert les disques de « Rhythm and sound » et « Basic Channel » dont je suis tombée profondément amoureuse.
Dans la même période, achat de l’album « Selected Ambient Works 85-92 volume I » d’Aphex Twin sorti sur R&S record. C’était de la folie furieuse, une porte s’est ouverte sur un monde incroyable, qui était la musique Rave, WARP record avec LFO, Luke Vibert, Plaid and co.
Ce qui a directement ouvert une autre porte, sur l’Experimental Techno avec Mika Vainio, Pan sonic, Monolake, Plastikman, Pôle. Avec tout ça, j’étais équipée pour mes premières Raves, mes premières soirées en Club.
Gros coup de foudre pour les musiques de Detroit (DataBass, Aux 808 and co) et de Chicago (DanceMania).
Les découvertes de Arthur Russel et de la scène plus rock noise expe avec Coil, Alan Vega Suicide, Sonic Youth, Jim o Rourke and co…
Le mouvement minimaliste, Drone et free jazz avec La monte Young, Don Cherry, Terry Riley, Maryanne Amacher, Éliane Radigue, Suzanne Ciani, Luc Ferrari, GRM team…
Les mondes psychédéliques, les voyages, les rencontres avec les humains et la nature. Bref toutes ces références ont planté de bonnes graines sonores et elles m’influencent et m’accompagnent aujourd’hui. »
Le concert /dj set /festival qui t’a le plus marqué ?
« Mes yeux vont transpirer fort après avoir répondu à cette question, il y en a beaucoup, il me tarde de remplir de nouveau cette boîte à souvenirs.
En 2009, Le concert privé des Sonic Youth pour leur expo au centre d’art Le LiFE à st Nazaire, moment magique en entendant la voix de Kim Gordon en live.
Dj Trax à l’after du premier Weather festival, on était une cinquantaine sur le dancefloor, il a rendu tout le monde complètement barge, c’était de la folie.
Le CTM au Berghain, en 2013, le live de Andy Stott pour la sortie de son album Luxury Problems sur Modern love, beauté, puis celui de Samuel Kerridge, intense, et à la fin de ces lives sublimes, un autre se préparait à l’étage, au Panorama, Shakleton et Monolake faisait un live surprise, Holy Shit!!!
C’était une soirée magique, tout était réuni pour les grands frissons sonores.
En 2016, à Paris au Petit Bain, Mika Vainio, c’était quelques mois avant sa disparition, c’était une très grande émotion de le voir jouer en live.
En 2018 il me semble, Dj Marcelle à la Concrète, j’étais très impressionnée, elle a littéralement retourné le club avec des musiques weirdos, des Bass déviantes et des rythmes chamaniques, c’était dingue. Même année, Chris Watson à la maison de la radio sur le sound systém du GRM, il jouait sa pièce Océan Soundscape en multidif, c’était d’une beauté et d’une profondeur incroyable. 2019, Positif Education, avec African Head Charge, grand moment d’unité dans la salle, c’était beau. En fan absolu de « On u Sound » j’étais heureuse de les voir jouer. »
Ton coup de cœur du moment ?
« La colle!!! C’était la déferlante de sons cette année 2020.
Pour regarder les nuages passer dans le ciel, l’album de Ivy « this 2 shall pass » sur SPA records
Pour faire pousser ses plantes, le dernier album de Robert Aiki Aubrey Lowe « Mishaps in Time ».
L’album de Simo Cell et Abdullah Miniawy sur BFDM, c’est sérieux.
L’album de Raja Kirik « Rampokan » sur Yes No Wave Music record, et clairement « it’s not for the kid ». »
Avec qui tu souhaiterais faire un b2b ou une collaboration?
« Avec Ma Patoune Marylou, on devait le faire pour le Positif Education 2020, ce n’est que partie remise.
On partage les mêmes passions sonores pour les polyrythmiques cosmiques aux textures noisy.
Aussi avec Mika Oki, Simo Cell, Azu Twaline, Sidney de Latency, Pinch, Adrian Sherwood, Hermann Hesse, Daumal… »